Recevoir de l’empathie est un besoin humain fondamental. Croire qu’on écoute, ce n’est pas écouter vraiment.
Écouter suppose d’être disponible pour l’autre : ne pas nier ses émotions, ne pas juger, créer une ouverture et une connexion par un échange dans la bienveillance. Un enfant qui passe la plupart de sa journée à l’école a un besoin vital de communiquer avec les personnes qui l’entourent. Il a besoin de se sentir écouter, pris en compte, d’être important à leurs yeux. C’est le facteur essentiel de leur construction, de leurs « colonne vertébrale émotionnelle », de leur ADN de « confiance en soi ». Cela va leurs permettre plus tard de pouvoir chercher de l’aide dans une situation difficile, de faire confiance ou de se confier à l’autre. Cela va leurs permettre de grandir, de s’épanouir, de se former leur propre personnalité.
Quand un enfant TDAH sent un regard attentif se poser sur lui, son cœur s’ouvre. Quand un adulte écoute les émotions d’un enfant, une relation de confiance se crée et l’enfant s’apaise. Un TDAH dont les émotions sont accueillies développe une bonne estime de lui-même parce qu’il sent qu’il a le droit d’être ce qu’il est, de ressentir ce qu’il ressent et de se fier à son intuition.
Un enfant TDAH a besoin de plus d’écoute et plus d’attention qu’un enfant non TDAH.
Il a besoin de plus de présence, de plus d’attention, de plus de répétitions, de plus de souplesse, de plus de tolérance.
Parfois, il a besoin d’être rassuré. Il peut aussi avoir en plus des questions. Il a besoin de dire des choses qui lui passe par la tête car il a peur de les oublier dans quelques instants et celle-ci lui semblent très importantes.
De lui tourner le dos, de lui dire que ce n’est pas le moment, de négliger tout simplement sa demande, ce n’est pas une solution.
L’enfant TDAH est très sensible à ce genre d’attitudes dans la négligence et le rejet. Il va se venger plus tard, peut-être dans une crise de colère, dans une attitude d’opposition, dans le refus de suivre un conseil. Quand c’est possible prenez un peu de temps pour cet enfant cela vous évitera de perdre plus d’énergie plus tard.
Quand ce n’est pas possible vous pourrez aussi différer. Mais soyez précis dans ce que vous différez quand, pourquoi et surtout tenez votre parole.
Un enfant TDAH fonctionne dans la confiance. Quand il sait qu’en face de lui c’est une personne de confiance il va faire beaucoup plus d’efforts pour rendre heureuse la personne en question, pour garder sa confiance.
Quand il a l’impression de faire des efforts, qu’on lui demande des choses complexes, que parfois il doit se dépasser mais qu’en retour on ne l’écoute pas et/ou on minimise ou on nie ses demandes, ses besoins il ressent de la frustration et, par conséquent, de la colère voir de la haine.
Souvent, la façon de formuler une demande par les enfants TDAH est perçue au tour d’une façon désagréable. Elle est vécue par les adultes comme inappropriée ou disproportionnée, interprétée comme un manque d’éducation etc. Ils ont du mal avec les codes sociaux, la façon de formuler leurs demandes, d’attendre, de gérer la frustration. Ils ne le font pas contre vous. Ça ne sert à rien de vous énerver, de les punir, de vous montrer encore plus stricte et de refuser leurs demandes. Ça ne lui apprend rien de positif dans la relation à l’autre. Comme expliqué précédemment par une punition quelle qu’elle soit, un enfant TDAH va vouloir se venger. On n’éduque pas un enfant TDAH dans la rigidité, ni dans les punitions. Il est sensible aux encouragements, il sent quand vous lui faites confiance, il est heureux quand vous lui confiez des taches ou des responsabilités. Il faut s’appuyer sur ses qualités, car il en a beaucoup, il faut juste savoir les chercher, être attentif aux messages qu’il vous envoie.
Par exemple, un enfant perd ou oublie un jouet ou un objet qui lui tiens à cœur il peut s’agiter facilement, pleurer, répéter sa demande comme « une idée fixe », mais ce n’est pas une idée fixe. Les adultes se montrent souvent agacés, avec un regard très réprobateur, ils tiennent souvent à insister sur leurs positions, en interprétant cette demande comme un rapport de force. Ne vous posez pas toutes ses questions, dites-vous que pour lui c’est important, que sa demande a sa logique. Du moment que vous, dès le départ, avez accepter de ne pas la prendre comme une frustration pour vous et de comprendre sa demande il s’apaise.
Certains adultes ont souvent tendance à dire que ce n’est rien, qu’il trouvera autre chose plus tard, que cela ne sert à rien de se mettre dans cet état pour une simple envie, qu’il n’avait qu’à faire attention à ses affaires…
Dès lors, l’enfant ne se sent pas compris et son émotion de tristesse va prendre de l’importance. Une autre émotion peut même surgir comme la colère face à l’incompréhension qu’il reçoit de la part des adultes qui sont pourtant supposés le soutenir et le comprendre. Cela peut même se transformer en haine !
La seule manière d’accompagner un enfant avec empathie est d’accueillir les émotions qui le traversent en manifestant de la compréhension pour son monde intérieur. Quand un adulte se relie à ce que l’enfant vit, ce dernier voit son besoin d’empathie nourri et il peut s’apaiser.
En discutant avec l’enfant, si vous avez du mal à saisir sa demande ou l’importance que ceci a pour lui, vous pourrez lui demander de :
- Reformuler ce qu’il ressent ou ce qu’il vous demande
- Rejoindre l’imaginaire de l’enfant et essayer de vous mettre à sa place
- Reformuler votre attitude et de le rassurer sur la compréhension : « Je comprends que ça te rende si triste, je comprends que c’est très important pour toi ! »
- Faire parler l’enfant de ce qu’il pense : “Je sais que c’est très important pour toi, dit-moi comment je peux t’aider… »
Très souvent, quand un enfant se sent entendu et compris dans ce genre de situation, il va décharger son émotion d’une manière différente. Il va prendre conscience de certaines de ses émotions : tristesse, colère, en essayant de mettre des mots sur ses émotions et réagir autrement. Il va essayer de construire un comportement différent et plus constructif en étant soutenu par l’adulte. Une fois l’émotion vécue et déchargée grâce à l’écoute empathique, il va pouvoir passer à autre chose.
L’écoute empathique n’est pas une baguette magique ou une solution miracle à toutes les situations difficiles rencontrées avec les enfants mais elle permet de dénouer un grand nombre de crises et de blocages.
L’écoute empathique peut s’apprendre. Nous ne l’avons pas toujours apprise par imitation dans nos enfances respectives, puisque nous sommes très peu à avoir connu des parents à l’écoute de nos émotions.
Nous pouvons en revanche choisir d’apprendre cette manière de communiquer en nous donnant le droit à l’erreur et en tâtonnant avec les enfants TDAH plus qu’avec les autres. Car dans ses petites épreuves ils nous mettent au défi devant nos propres lacunes.
L’écoute empathique peut être pratiquée à tout âge avec des bébés… comme avec des personnes âgées !
L’écoute empathique de l’autre et en particulier des enfants TDAH est indissociable de l’apprentissage de l’auto empathie. Faire preuve d’auto empathie, c’est écouter ses propres émotions : quand un enfant de la classe fait une demande, me pose une question, n’écoute pas : Qu’est-ce que ça me fait ? Où est-ce que ça me touche ? Comment je me sens ? Qu’est-ce que je pense ? Qu’est-ce que j’ai envie de faire ?
Les réponses à ces questions peuvent être diverses et variées par exemple, de l’agacement à cause d’une question d’emploi du temps ou alors de la frustration parce que cette demande vient gâcher une bonne dynamique de classe.
On peut se dire à soi-même : “Oui, c’est vrai, je suis épuisé(e), c’est dur, j’aurais tellement envie de ne rien répondre ou supporter une énième question. Oui, c’est difficile d’être sollicité(e) sans cesse.”
Le fait de s’écouter soi-même permet d’apaiser l’énervement et de clarifier les besoins. Il est difficile d’être empathique quand on n’est pas disponible. C’est seulement une fois que nous sommes nous-mêmes au clair avec ce qui se passe en nous que nous pouvons nous relier à ce qui se passe chez l’enfant et mettre des mots dessus. C’est pour cela que dans beaucoup de cas, différer est la meilleure solution.
Mais avant même de faire ce travail de réflexion sur nous même, nous avons le devoir pour commencer à :
– Ecouter ce que l’enfant nous dit, lui laisser le droit de s’exprimer
– Lui donner une réponse, s’assurer qu’il a compris notre réponse
– Si l’on diffère tenir notre parole et revenir plus tard à sa demande
–Lui laisser le droit d’exprimer son émotion et lui donner le droit de l’éprouver
-Lui laisser la possibilité, avec une entente préalable d’avoir une échappatoire sortir de la classe si besoin, faire un tour, bouger sans le culpabilisé ou le punir.
Dans certains cas, l’écoute empathique peut être suivie d’une demande :
“Moi, je suis d’accord pour que tu fasses ci ou ça. Mais ça m’embête de… Est-ce que tu serais d’accord pour… ?”.
En général, un enfant qui s’est senti écouté et compris va accéder à nos demandes par souci de coopérer dans une relation de confiance et de respect mutuel.
Lui proposer un choix :
« Je te laisse choisir… ce que tu vas faire … » toute en restant dans le cadre et dans le sens du travail qui est en train de se faire.
Car l’enfant TDAH est très sensible à l’impression de ne pas être sous contrainte, d’avoir le choix, d’avoir le droit de décider et d’exprimé.
Cela va le rendre plus volontaire et impliqué dans sa tâche avec une fierté personnelle des choses accomplis.